Ozcan CIRIK


Saxo

(Chloé des Lys - 2006)

Voilà un vrai bon roman pour amateurs de jazz (mais pas seulement !). Ouvrez Saxo et vous voilà plongés illico dans l'ambiance enfumée d'un club de jazz. Les scènes musicales sont nombreuses et prennent souvent aux tripes (lisez donc la description de "My funny Valentine" joué au sax, pages 55 et 56 : un pur moment de délice !) et les références aux musiciens (Chet, Dexter, Coltrane, Miles...) et aux grands standards du jazz font plaisir à lire.
Mais Saxo recèle aussi une histoire très prenante, entre Paris et New-York, où le suspens est bien mené, le mode de narration à la fois dynamique, intelligent et original (on alterne à chaque chapitre entre deux histoires parallèles, l'une passée, l'autre actuelle, mettant en scène les mêmes personnages... Bon, faut lire pour comprendre) et le style maîtrisé sans être pompeux. On ressent aussi assez nettement l'influence de certains grands auteurs américains (Fante est d'ailleurs cité dans l'épigraphe du livre).
Enfin, je dirais que la chute est remarquable et vous fait refermer le roman en disant "Waow, fallait-y penser !".
 
Alors, n'attendez plus, courrez commander Saxo chez votre libraire préféré, vous ne serez pas déçus !

EXTRAIT :

"J'ouvre les yeux. J'ouvre les yeux et j'entends le piano de Petru. J'entends le piano de Petru et je reconnais le morceau. Il m'aura fallu juste trois notes. Trois notes et j'ai reconnu le morceau. Je décide de l'écouter là, dans ce vieux fauteuil installé comme un seigneur sans royaume, sans château, ni même une couronne en papier. J'ai envie d'être seul et de croire qu'il ne joue que pour moi. My foolish heart. Take care my foolish heart. Il ne manque plus qu'une voix sur cette musique. Quelqu'un doit lire dans mes pensées, un génie au grand cœur, car cette voix-là, je l'entends. Une voix féminine. Une voix magnifique. Une voix qui me transporte. J'en ai le souffle coupé et le cœur sur le point d'appeler les secours. Je reste immobile, je me concentre sur la musique et surtout cette voix. Je suis comme un ver de terre admirant la Lune. Ecrasez-moi qu'on en finisse sur cette belle note ! Non, attendez la fin du morceau. Oui c'est ça, attendez que je la voie d'abord. Attendez tout simplement que je vous fasse signe. Laissez-moi écouter ce bonheur sonorisé, ne soyez pas pressé d'être le bourreau d'un soir. La victime est consentante, ce n'est qu'une question de temps. Laissez-moi ce peu de chose que l'on m'offre ce soir. Laissez-moi m'abandonner, ces instants-là sont si rares. J'aimerais que cette musique ne s'arrête jamais, que cette voix m'accompagne pour toujours. Qu'elle soit mon fil d'Ariane lorsque je me perds, qu'elle soit ma torche quand je m'aventure dans les recoins malfamés de mon être, là où il ne fait jamais jour..."

A découvrir aussi
(en cliquant sur la couv') :

Roman d'amour sur fond de jazz...

 

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